Nous avons vu que chez Kant, l'éthique se constitue à partir d'une exigence (a requirement) de la raison pratique.

Exigence qui se révèle dans la volonté.

Si on peut parler d'exigence, c'est qu'il y a quelque chose d'impérieux (something compelling) au coeur de la raison, en tant qu'elle est volonté humaine (in so far as it is human will).

Kant, pour donner figure à ce caractère impérieux, parle d'impératif de la raison pratique.

Mais tous les impératifs ne sont pas du même degré, ou du même niveau d'exigence.

C'est pourquoi, il en distingue trois.

L'impératif hypothétique, l'impératif assertorique, l'impératif catégorique.

Tous les trois, les trois impératifs, relèvent de la conduite pratique de l'être humain.

Mais seul le troisième, l'impératif catégorique, sera véritablement l'impératif éthique par excellence.

Que disent les deux premiers impératifs?

L'impératif hypothétique, l'impératif assertorique?

Ils parlent, tous les deux, de notre volonté de bonheur, de deux points de vues différents.

L'impératif hypothétique à égard à ce que je suis individuellement (in relation to what I am individually).

Et qui me différencie des autres.

Ce que l'on nomme (Which is called), techniquement, mon idiosyncrasie.

C'est-à-dire, ce qui fait que je suis ce que je suis, et pas un autre.

Dans ce cas, à propos de mon idiosyncrasie et de l'impératif hypothétique, on pourra dire que, par exemple, s'il m'est idiosyncrasiquement nécessaire de me dépenser physiquement (to spend myself physically?) beaucoup pour être bien, et que je ne supporte pas la vie quotidienne sans me dépenser beaucoup, eh bien, on dira qu'il faut, il est impératif, si je veux être heureux, d'aménager mon emploi (to manage my job) du temps de façon à y mettre de la place pour la pratique sportive, par exemple, etc., on pourrait multiplier les exemples de ce genre.

L'impératif assertorique (assertoric?), lui, a égards à ce que tous les êtres humains, donc moi avec, désirent.

C'est-à-dire, le bonheur.

L'impératif assertorique, me dit, me fait comprendre ce que je dois faire si je veux avoir une chance de parvenir au bonheur (achieve happiness).

Cet impératif renvoie (refers) donc à toutes les consignes de prudence (cautionary statements) qui valent pour tous.

Par exemple, ne pas contracter trop d'engagements (too many commitments), ou d'engagements à la légère.

Ou alors, ne pas nous exposer imprudemment, à l'opinion publique, ou encore être soucieux (to be careful) d'un certain équilibre de vie, etc.

Ces deux impératifs, hypothétique et assertorique, ont égard à la vie pratique, en ce qu'elle est recherche de vie heureuse, vie sage, dont on peut être content.

À chaque fois, ces impératifs sont conditionnels.

C'est-à-dire, ils sous-entendent (imply), dans la mesure où tu veux arriver à telle fin (for this purpose), alors, il faut employer tel ou tel moyen.

Ces impératifs, hypothétique et assertorique, énoncent donc des moyens en vue de fins déterminées.

Soit des fins qui dépendent uniquement de ce que je suis, soit des fins qui sont les fins de tout le monde, la recherche du bonheur est, en effet, une fin recherchée par tous.

Mais, il y a, je le disais à l'instant, il y a un troisième impératif.

Qui lui n'énonce pas le moyen exigé (the required means) en vue d'une certaine fin, mais qui est une fin par lui-même, un impératif qui est une fin par lui-même.

C'est-à-dire, tout simplement, un impératif qui doit être obéit absolument.

Kant le nomme impératif catégorique.

Qu'est-ce qu'il veut dire?

Il veut dire qu'il y a quelque chose que ma volonté, en tant qu'être humain (as a human being), me demande impérativement d'accomplir.

Qu'est-ce qu'il m'est demandé d'accomplir?

Est-ce quelque chose de précis? De positif?

C'est-à-dire ceci ou cela? Non.

Ce qui est, ce qui m'est demandé absolument, c'est plutôt quelque chose de négatif.

Au sens précis où cela veut dire, il va falloir que (it will be necessary) je m'interdise absolument toute une série d'actions ou d'attitudes.

Quelles sont ces attitudes que je dois m'interdire (prohibit) absolument?

Ce sont toutes les attitudes qui conduisent à des actions qui ne pourraient pas être universalisées.

Ou que je ne voudrais pas vouloir universaliser.

Cet impératif, impératif catégorique peut s'énoncer (can be stated) de manière simple et selon trois formules différentes : chacune de ces formules dit la même chose, c'est-à-dire, toujours la nécessité d'universaliser mon action et de ne jamais faire que mon action soit arbitraire ou qu'elle discrimine une partie du genre humain à l'avantage d'une autre partie ou à l'avantage de moi-même.

Mais chacune de ces formules de l'impératif catégorique l'énonce toujours sous un angle différent.

À chaque fois sous un angle différent.

Voici les trois formules de l'impératif catégorique : la première nous considère en tant que (as) nous sommes des êtres faisant partie de la nature.

Et il est ainsi formulé : Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir (that you may want) en même temps qu'elle devienne une loi universelle.

La deuxième formulation de l'impératif catégorique nous considère en tant que personnes (as people) rapportées à d'autres personnes (reported to others) en tant que personnes en relation avec d'autres.

Et la formule est, alors : Agis de telle sorte que (Acting in such a way that) tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, jamais seulement comme un moyen.

La troisième formulation nous considère en tant que nous constituons, avec les autres êtres humains, un monde humain.

Un monde humain, une totalité humaine.

Et non pas seulement un agrégat d'humains, ou encore, des relations isolées les unes des autres fortuitement en relation les unes avec les autres.

La troisième formulation est la suivante : N'accomplis d'actions (Do not perform actions), que selon une maxime telle qu'elle puisse comporter (such that it could include) en outre d'être une loi universelle, telle donc (therefore such) seulement que la volonté puisse se considérer elle-même comme constituant en même temps par sa maxime une législation universelle.

Cet impératif catégorique dont nous venons d'énoncer les trois formulations constitue un devoir (a duty), il constitue le devoir humain fondamental.

Aux yeux de Kant, c'est l'essence-même de l'éthique.

Il est important de remarquer que cela implique que l'existence humaine doit être comprise comme une lutte.

Une lutte toujours continuée contre nos penchants naturels (natural inclinations) lorsque ces penchants nous amènent à des actions (leads to actions) qui vont nuire (harm) aux autres.

Ou être contraires aux exigences (requirements) de l'humanisation de l'être humain.

Nous nous montrons libres, donc, aux yeux de Kant, en résistant à tout ce qui nous entraîne vers des actes (leads to the acts) qu'il est impossible d'universaliser.

La deuxième remarque, importante, est que, chez Kant, l'éthique montre ce qu'est la tâche fondamentale de l'être humain.

Cette tâche, c'est de faire advenir en nous (to come with us) et hors de nous, les conditions grâce auxquelles nous serons dignes d'être nommés humains, et non pas seulement des animaux perfectionnés.

Ou des machines, particulièrement sophistiquées.

L'intention de Kant, est donc de montrer que l'horizon de l'espèce humaine c'est la dignité de la personnalité.

Et pour mieux comprendre ce que veut dire Kant avec l'impératif catégorique, nous prendrons dans la prochaine séquence trois exemples.

Trois exemples à travers lesquels Kant montre ce que dicte l'impératif catégorique, dans des situations concrètes.