EDWARD'S LECTURE NOTES:
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C O U R S E 
À la découverte du théâtre classique français
Georges Forestier, Université Paris-Sorbonne
https://www.edx.org/course/la-decouverte-du-theatre-classique-sorbonnex-lf001-1x
C O U R S E   L E C T U R E 
Permanence de tragédie jusqu'au 19ème siècle
Notes taken on November 19, 2015 by Edward Tanguay
le théâtre classique s'organise donc autour de deux genres
1. la tragédie
2. la comédie
il y a une hiérarchie entre ces deux genres
exactement la même hiérarchie qu'on retrouvait dans la Poétique d'Aristote
son ouvrage fondateur sur la théorie des genres du théâtre
redécouvert par les hommes de la Renaissance
la tragédie se distingue de la comédie par deux éléments fondamentaux
1. le personnel dramatique
le personnel dramatique de la tragédie ce sont des héros, des rois, des reines, les plus grands seigneurs à qui il arrive des malheurs conformes à leur grandeur héroïque
au-dessus
2. le type d'actions
le personnel de la comédie ce sont des marchands
en dessous
les marchands et les esclaves
ils ont des actions à la mesure de leur condition, c'est-à-dire des ruses, des tours pour obtenir de l'argent, pour obtenir des courtisanes, pour obtenir le mariage avec la fille qu'ils veulent
à la Renaissance on retrouve cette hiérarchie et au XVIIe siècle cette hiérarchie, évidemment se maintient
la tragédie est considérée le plus haut genre poétique avec l'épopée
pour quelle raison la tragédie est-elle rapprochée de l'épopée
parce que ce sont les mêmes personnages qui interviennent dans l'une et dans l'autre
la comédie avec ses marchands
il n'y a plus d'esclaves au XVIe siècle ni au XVIIe siècle
il y a des valets, des laquais qui aident les jeunes gens à jouer des tours aux vieillards, aux mères, aux tuteurs qui empêchent le jeune homme de réaliser son désir avec la jeune fille
mais cette hiérarchie se retrouve donc très exactement au XVIe siècle, au XVIIe siècle et va se maintenir, sauf qu'arrive quelque chose de nouveau à la fin du XVIe siècle
tragi-comédie
inventé par les Italiens
le même personnel dramatique que la tragédie : des rois, des reines, des princes, des grands seigneurs, des héros
inquiétude sur leurs aventures, éventuellement larmes
quelques scènes comiques vont se raréfier dans la tragi-comédie française à mesure qu'on va avancer
l'un des principaux lieux communs concernant le théâtre classique
est le suivant : tout s'arrêterait à la fin du XVIIe siècle
il n'y aurait que trois véritables auteurs de chefs-d’œuvre et ensuite il n'y aurait plus rien
comme tous les lieux communs, évidemment c'est faux
la comédie et la tragédie ont continué à vivre
jusqu'à la fin du XVIIIe siècle pour la comédie
jusqu'au milieu du XIXe siècle pour la tragédie
tous les deux ont produit des chefs-d’œuvre
Le Barbier de Séville
Le Mariage de Figaro de Beaumarchais
Voltaire
on le connaît aujourd'hui pour ses contes philosophiques
en réalité attendait le succès et espérait une postérité dans le domaine de la tragédie
il était considéré par ses contemporains comme l'équivalent de Corneille et de Racine
si on regarde les registres de la Comédie-Française au XVIIIe siècle
on constate que l'on n'arrête jamais de jouer des tragédies
on rejoue les classiques
on crée de nouvelles tragédies à un rythme assez important puisque dans les années quarante on joue 70 tragédies par an à peu près et, à partir des années quatre-vingt, 160
donc on a une expansion numérique
même pendant la Révolution on joue beaucoup plus de tragédies que de comédies
une mythologie romantique se met en place au XIXe siècle qui vise à enterrer la tragédie classique
mais en réalité, si on va voir de plus près, dans les théâtres officiels
la Comédie-Française
il y a encore beaucoup de tragédies classiques qui sont jouées au XIXe siècle
Casimir Delavigne
auteur de tragédies classiques justement
était l'auteur le plus joué
sous la Restauration
l'époque qui suit l'Empire de Napoléon
entre 1815 et 1830
l'époque où les Bourbons, les rois qui régnaient en France avant la Révolution, sont restaurés sur le trône
la tragédie revient à la mode parce qu'il y a vraiment une correspondance traditionnellement entre le genre tragique et la monarchie
la tragédie fait encore concurrence au drame romantique
effectivement la tragédie continue à être un genre vivace
les mutations du genre, mutation qui sont quand même assez profondes, et au XVIIIe siècle et au XIXe siècle
au XVIIIe siècle c'est surtout les sujets qui changent, Voltaire par exemple veut faire
une tragédie moderne
une tragédie de son temps
une tragédie qui traite des problèmes contemporains
une tragédie nationale aussi qui traiterait de l'histoire de France
il veut l'amener vers des discussions philosophiques
autres auteurs
la tragédie horrible
la tragédie terrible
cette évolution continue au XIXe siècle lorsque la tragédie évolue
elle évolue dans le sens du spectaculaire par exemple
une tragédie beaucoup plus fondée sur la valorisation de l'aspect visuel
une tragédie spectaculaire qui n'est plus uniquement fondée sur la parole, sur la déclamation, sur le logocentrisme
une tragédie qui met au premier plan l'action, les costumes, les décors, tout ce qui parle à l’œil du public et non plus seulement à son oreille
au XVIIIe siècle le modèle c'est Racine
des tragédies de la passion
des tragédies qui font pleurer
qui émeuvent les spectateurs et c'est ce qu'on aime au XVIIIe siècle où le pathétique devient véritablement la valeur esthétique dominante
Iphigénie avec son héroïne vertueuse, modèle, persécutée, sacrifiée qui fait pleurer les foules
le XIXe siècle semble préférer Corneille
ses intrigues plus politiques
son héroïsme mâle
le drame romantique, on le sait, préfère Corneille et reprend ses intrigues
certaines tragédies du XIXe siècle reprennent vraiment les grands titres du XVIIe siècle et des tragédies de Corneille
une tragédie de Casimir Delavigne
La Fille du Cid
Pierre Lebrun
Le Cid d'Andalousie
l'une des caractéristiques fondamentales de la tragédie
elle se développe en France à la fin du règne des Valois
elle éclot avec les Bourbons, qui apparaissent avec Henri IV à la fin du XVIe siècle
et elle se termine avec les Bourbons au milieu du XIXe siècle
il y avait le lien étroit entre la dimension monarchique, politique
l'idée même qu'une tragédie est liée au statut des rois qui doivent chuter
la chute des rois c'est un des enjeux majeurs de la tragédie et finalement la chute des derniers rois signe, non pas la chute de la tragédie, mais la mort de la tragédie