EDWARD'S LECTURE NOTES:
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C O U R S E 
À la découverte du théâtre classique français
Georges Forestier, Université Paris-Sorbonne
https://www.edx.org/course/la-decouverte-du-theatre-classique-sorbonnex-lf001-1x
C O U R S E   L E C T U R E 
Déroulement d'une séance
Notes taken on February 25, 2017 by Edward Tanguay
matinée théâtrale
une après-midi de théâtre
commence officiellement à quatorze heures
était constituée, dans un premier temps, par une pièce en cinq actes
mais il faut bien concevoir que la pièce en cinq actes, dans les conditions de représentation de l'époque était une pièce qui supposait un véritable entracte à la fin de chaque acte
quelques minutes durant lesquelles on descendait les lustres pour moucher les chandelles
le public n'était pas habitué comme aujourd'hui à rester silencieusement installé dans des fauteuils
le public était debout, au parterre, pour une grande part
on le distrayait pendant cet entracte avec des musiciens, des danseurs
il y avait des vendeuses de confiture qui vendaient des fruits confits
il y avait une coupure qui permettait, selon la théorie classique, au spectateur de redevenir spectateur et d'oublier pendant quelques minutes ce qu'il avait vu en tant que témoin idéal d'une véritable action
à partir des années 1660 cette structure en cinq actes continue à être une structure en cinq actes entrecoupée d'entractes
mais à partir du succès rencontré par Les Précieuses ridicules de Molière, l'habitude se prend de plus en plus fréquemment d'ajouter une petite pièce à la suite de la grande pièce en cinq actes rallongeant d'autant, d'une demi-heure, comme si c'était un sixième acte, la matinée théâtrale
c'est une pratique qui avait commencé en province parce que lorsque les troupes de province
ils se retrouvaient dans une même ville, en concurrence, jouant toutes le même répertoire
du Corneille
du Rotrou
du Mairet
comment se distinguer les unes des autres face à un public d'une petite ville si ce n'est en proposant une pièce originale écrite par l'un des comédiens de la troupe
c'est ainsi que Molière a fait ses débuts, en écrivant des petites pièces en un acte, originales, que l'orateur et que les affiches annonçaient comme étant une partie importante du spectacle
cela se pratiquait de temps en temps par les meilleures troupes qui disposaient d'un ou de deux comédiens capables de bricoler comme ça des petites pièces
c'est ainsi qu'une pratique occasionnelle de province va devenir
à partir du succès des Précieuses ridicules
une pratique presque régulière dans laquelle le public va attendre la petite pièce originale qui quelquefois est la source du succès et donc va subir cinq actes d'une pièce qu'il connaît presque par cœur pour pouvoir applaudir et rire à cette petite comédie
c'était une pratique occasionnelle qui devient de plus en plus fréquente avec Molière
les théâtres concurrents imitent à Paris et puis lorsque la Comédie-Française est créée
cette pratique de plus en plus fréquente va devenir absolument systématique
de 1680 jusqu'à la dissolution de la Comédie-Française en 1793 sous la Révolution française
on va avoir systématiquement des séances théâtrales composées d'une grande pièce en cinq actes (tragédie ou comédie) et d'une petite pièce en un acte
la salle est autant éclairée que la scène parce qu'on ne pouvait pas distinguer l'éclairage de la salle et de la scène, ce public:
est turbulent
applaudit
fait des huées
le système de déclamation en vigueur à l'époque, qui voit des comédiens débiter les longues tirades contenues dans beaucoup de pièces qui permettaient aux comédiens des déclamations véhémentes
il y a une sorte de phénomène de vedettariat autour de certains acteurs
non seulement dans la comédie où là il est facile de rire et d'applaudir
mais dans la tragédie aussi
il y avait les frondes, les querelles
c'est-à-dire que quelquefois on monte des cabales avec une partie du public dressée, payée, pour faire tomber une pièce et ce sont des choses que l'on voit régulièrement annoncées
la fronde la plus célèbre est celle que Pierre Corneille et Thomas Corneille, son jeune frère, ont organisée pour faire tomber la pièce de Molière qui s'appelle L'École des femmes
Molière le reconnaît lui-même, mais le fait qu'elle a été frondée ne signifie pas qu'elle est tombée
la majorité du public a ri, a applaudi et la pièce a été un triomphe
on a appelé après coup la querelle de L'École des femmes qui a donné l'impression de prolonger la fronde qui avait eu lieu à l'intérieur du théâtre
à cette époque-là on avait gardé l'habitude de débattre sur ce qui concernait les bonnes pièces, les mauvaises pièces, les pièces régulières, les pièces irrégulières, les pièces qui faisaient rire, les pièces qui faisaient rire au nom de mauvaises raisons
tout cela fait qu'il y avait une atmosphère tumultueuse qui régnait régulièrement dans les salles de théâtre
il y avait une tension entre un théâtre extrêmement poétique fondé sur une parole qui donne à entendre une voix fondée sur la poésie et un public qui donne régulièrement à entendre sa voix turbulente