EDWARD'S LECTURE NOTES:
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C O U R S E 
Introduction aux éthiques philosophiques
François Dermange, University of Geneva
https://www.coursera.org/course/ethique
C O U R S E   L E C T U R E 
Alasdair MacIntyre: Se réapproprier l'éthique des vertus
Notes taken on June 15, 2016 by Edward Tanguay
Alasdair MacIntyre (1929-)
il a écrit un livre qui l'a rendu mondialement connu intitulé "après la vertu"
il a voulu montrer l'importance de réactiver à ses yeux l'éthique des vertus
alors il part d'abord de l'histoire des modernes
qui est interprétée par lui comme l'histoire d'une perte
la modernité s'est constituée éthiquement sur le fond d'un refus de continuer à admettre les conditions d'une éthique des vertus
ce refus s'appuie sur l'idée que l'individu ne dépend que de lui-même pour affirmer son existence
la conception de l'homme qui a été inaugurée par la pensée cartésienne et lockienne
s'est pleinement épanouie chez Kant puis chez Nietzsche ou Sartre
chacun d'entre nous est un sujet qui doit se déterminer par lui-même
chacun de nous a une existence et aspire à conserver et à épanouir au maximum son existence
chacun consent à vivre en société, la société étant un moyen nécessaire pour conserver son existence et pour l'affirmer
l'individu est donc la réalité fondamentale et c'est aussi une fin, c'est-à-dire que l'individu a pour objectif lui-même et son épanouissement
l'épanouissement
chacun d'entre nous doit pouvoir dire ce qui, pour lui, est un accomplissement
chacun est une abstraction complète
l'émotivisme
les décisions éthiques sont complètement relatives aux sentiments de chacun
qu'est-ce qui va permettre au sentiment de s'orienter, de se déterminer, de se décider plutôt pour ceci que pour cela
MacIntyre dit que c'est le hasard
le critère final, qui est que je sois heureux, sera finalement quelque chose de vide, car en tant qu'individu, en tant qu'individu considéré indépendamment de toute autre considération, je cherche seulement à être content, satisfait, or qu'est-ce qu'être satisfait du point de vue de ma seule existence
c'est éprouver le plus de plaisir possible et le moins de douleur possible, c'est vivre dans un certain état de satisfaction
une telle visée est la plus pauvre qui soit
elle ne s'appuie pas sur le fait de viser à réaliser quelque chose
mais à me sentir dans un certain état, sans autre raison que c'est ainsi que je me sens bien
il n'y a plus d'éthique ainsi mais seulement le désir de vivre avec un sentiment subjectif de satisfaction
la seule visée éthique dans une telle perspective serait de faire en sorte que
la plupart des individus puissent éprouver la même satisfaction
la société marchande est censée satisfaire cette aspiration
l'important n'est pas ce que je fais, l'important c'est comment je me sens tel que je suis
est-ce que je suis satisfait, c'est-à-dire est-ce que j'éprouve un état de plaisir ou de bien-être, ou est-ce que je suis plutôt en état de peine et de souffrance
l'enjeu social de l'éthique n'est plus alors que de faire en sorte que le maximum de gens puissent se déclarer davantage en état de plaisir qu'en état de peine, peu importe ce qu'ils font, ce qui compte c'est leur ressenti
pour MacIntyre une telle situation signifie que nous avons perdu quelque chose d'important
les biens internes et les biens externes
nous avons perdu la notion que c'est à travers des pratiques que nous nous réalisons et que nous devenons réellement nous-mêmes
l'être humain n'est pas une île
il n'est pas donné au départ
il se réalise avec les autres
c'est en donnant à l'être humain des possibilités d'action qu'il peut devenir pleinement ce qu'il n'est d'abord que virtuellement
les biens sont les actions et les choses grâce auxquelles il pourra avoir le sentiment de devenir quelqu'un
la reconnaissance
la place sociale
l'argent, dans une société c'est-à-dire dans une communauté d'êtres humains réunis afin de vivre ensemble, on attache des intérêts et des récompenses à certaines actions à certains travaux
c'est en vivant parmi les êtres humains que nous nous rendons compte que nous désirons fortement être reconnu et jouir des bénéfices de cette reconnaissance, reconnaissance qui peut être matérielle ou symbolique, des places d'honneur, etc:
les biens externes
quand nous travaillons à obtenir cette reconnaissance
ce n'est pas ce que je fais, mais le résultat de ce que je fais
il n'y a pas seulement des biens externes dans les actions que je pratique mais aussi des biens internes
la découverte de l'intérêt des biens internes est un moment décisif de l'éthique
les biens internes
les biens qui sont inhérents, adhérents à ma pratique
l'exemple d'un enfant de sept ans
très intelligent, auquel je veux apprendre à jouer aux échecs, bien qu'il n'en ait aucun désir particulier
cet enfant a cependant un très vif désir de sucreries et très peu de chances d'en obtenir
je lui dis que s'il joue aux échecs avec moi une fois par semaine, je lui donnerai cinq francs de sucreries
je jouerai toujours de manière à ce qu'il lui soit difficile mais pas impossible de gagner, et s'il gagne, je lui donnerai cinq francs de sucreries en plus
ainsi motivé, l'enfant joue et joue pour gagner
les sucreries seules donnent à l'enfant une bonne raison de jouer aux échecs
il n'a aucune raison de ne pas tricher et toutes les raisons de tricher, pourvu que ce soit avec succès
il viendra un moment où l'enfant trouvera dans les biens spécifiques au jeu, imagination stratégique et intensité compétitive
un nouvel ensemble de raisons non seulement de gagner à une occasion donnée, mais de vouloir exceller comme le jeu l'exige
si l'enfant triche alors, la défaite ne sera pas la mienne, mais la sienne
il y a donc deux types de biens à gagner en jouant aux échecs
1. les biens qu'un lien externe et contingent rattache à ce jeu et à d'autres pratiques par les accidents des circonstances sociales
les sucreries pour l'enfant dans mon exemple
le prestige et l'argent pour les adultes dans la réalité
2. les biens internes à la pratique des échecs, qu'on ne peut obtenir qu'en jouant à ce jeu ou à un autre du même type
la vertu commence réellement quand je m'aperçois que ce qui m'épanouit le plus dans une activité n'est pas le bien externe qui lui est associé par la société
mais le bien interne en pratiquant tel art
tel sport
telle science
je m'aperçois au bout du compte, après avoir beaucoup sué et enduré, que le bien véritable n'est pas dans la récompense mais dans la pratique elle-même
je m'aperçois que je deviens autre que ce que j'étais et qu'il y a une joie dans ce devenir autre et que je me réalise par certaines activités que je fais
mais ces activités ne pouvaient pas me tenter, elles ne pouvaient pas me faire plaisir car elles supposaient que je travaille contre moi-même en faisant un effort pénible
car travailler fatigue
et j'ai comme tout le monde une tendance naturelle à l'inertie
la vertu suppose que je ne me prenne donc pas pour centre mais que j'estime que je me réalise en me donnant à quelque chose
dans l'acte de me donner à la pratique des échecs
à la pratique d'un art
à la pratique d'une science
d'une activité sociale
j'aurai ma joie et mon accomplissement, parce que la joie et l'accomplissement sont dans l'acte même, et non pas dans un rapport vide à soi